Le secteur du bien-être est en plein essor depuis plusieurs décennies. L’intérêt croissant pour la santé et le bien-être a favorisé l’apparition d’innovations marquantes, aujourd’hui accessibles à un plus grand nombre..Cependant, cette vague d’innovations s’est accompagnée d’une prolifération de nouveaux compléments alimentaires, dont certains reposent sur très peu de recherches scientifiques pour prouver leur efficacité.
Parmi ces nouveaux compléments figure Akkermansia, une bactérie naturellement présente dans l’intestin, aujourd’hui disponible au grand public sous forme de petites gélules à base de glycérine. La liste des bienfaits associés à l’Akkermansia, notamment dans le domaine de la santé des femmes, est tout simplement impressionnante. De quoi en séduire plus d’un·e. Pourtant, il est essentiel de faire des choix éclairés concernant ce que nous introduisons dans notre organisme.
Dans cet article, nous allons démystifier l’Akkermansia en vous présentant les informations actuellement disponibles. Nous aborderons les points suivants :
- Qu’est-ce qu’Akkermansia ?
- Quel est son rôle dans l’organisme ?
- Quels sont ses bienfaits pour les femmes ?
- Quels éléments faut-il prendre en compte ?
Il est toujours recommandé de consulter un professionnel de santé avant d’envisager toute supplémentation.
Qu’est-ce qu’Akkermansia ?
Akkermansia muciniphila (ou A. muciniphila) est une bactérie anaérobie à Gram négatif, spécialisée dans la dégradation de la couche de mucus, qui colonise la muqueuse intestinale chez l’humain et les rongeurs.
En termes simples, A. muciniphila est une souche de bactérie qui vit dans vos intestins et qui aide à réguler la fonction de votre barrière de mucus. Elle contribue à protéger la muqueuse intestinale en déclenchant des processus anti-inflammatoires. En fermentant la mucine (un composant du mucus), l’Akkermansia produit des acides gras à chaîne courte comme l’acétate et le propionate. Ces composés renforcent la barrière intestinale et réduisent l’endotoxémie, une condition nocive souvent liée à l’obésité, où les toxines de l’intestin s’infiltrent dans la circulation sanguine.
A. muciniphila : les bienfaits impressionnants
Les bienfaits associés à la présence d’Akkermansia dans le microbiote intestinal sont réellement impressionnants.
Son bienfait le plus connu est sa capacité à renforcer la barrière intestinale, à réduire la résistance à l’insuline et à protéger contre les inflammations d’origine métabolique. Par exemple, une étude menée par Reunanen et ses collègues a démontré qu’Akkermansia pouvait adhérer à la paroi intestinale et en améliorer l’intégrité. Cela suggère qu’elle peut épaissir la couche de mucus et contribuer à réparer une barrière intestinale endommagée.
Dans des études réalisées sur des souris obèses, Akkermansia a démontré sa capacité à :
- Augmenter la sécretion des protéines des jonctions serrées (qui renforcent la cohésion des cellules intestinales),
- Accroître le nombre de cellules caliciformes (productrices de mucus protecteur),
- Épaissir la couche de mucus,
- Stimuler la production des hormones GLP-1 et GLP-2: les peptides de type glucagon (glp-1, glp2), sont des hormones dérivées de l’intestin qui régulent divers aspects de la digestion et de l’absorption des nutriments
Au-delà de la santé intestinale, Akkermansia semble également jouer un rôle dans la régulation du système immunitaire. Une étude sur des souris obèses a révélé qu’elle pouvait améliorer la régulation de la glycémie et réduire l’inflammation des tissus adipeux en activant des lymphocytes T régulateurs (des cellules immunitaires qui modèrent les réactions inflammatoires).
Des recherches préliminaires suggèrent en outre qu’Akkermansia pourrait avoir un effet préventif contre certains cancers. Chez des souris atteintes de cancer colorectal, Akkermansia a permis de réduire l’inflammation intestinale ainsi que le développement de tumeurs.
Des recherches préliminaires suggèrent en outre qu’Akkermansia pourrait avoir un effet préventif contre certains cancers. Chez des souris atteintes de cancer colorectal, Akkermansia a permis de réduire l’inflammation intestinale ainsi que le développement de tumeurs.
Bienfaits pour les femmes
Les femmes sont particulièrement exposées à divers troubles métaboliques, augmentant leur risque de développer un diabète de type 2 ou des maladies cardiovasculaires. Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), un trouble courant chez les femmes, accroît également ce risque.
En raison de ses effets impressionnants sur la santé métabolique, l’Akkermansia constitue un traitement prometteur pour les femmes aux prises avec de tels problèmes, tout en étant relativement sûr. Cependant, il y a encore de nombreux éléments à prendre en compte avant d’essayer de supplémenter l’Akkermansia.
Points de vigilance
Bien qu’Akkermansia semble être une découverte aux effets potentiellement révolutionnaires, elle n’est pas exempte de limites. Certaines études ont montré que des maladies telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et l’infection par Salmonella typhimurium ne tirent aucun bénéfice de la supplémentation en A. muciniphila.
Dans les cas de MICI, la paroi intestinale est déjà fragilisée ; l’introduction d’Akkermansia pourrait perturber davantage la flore intestinale et aggraver les symptômes.
Par ailleurs, on a observé une forte présence d’Akkermansia dans le microbiote intestinal de patient·es atteint·es de la maladie de Parkinson ou de sclérose en plaques. Ces observations pourraient suggérer un lien entre A. muciniphila et la santé neurologique. Toutefois, ces variations pourraient également être liées à des changements alimentaires, car il a été démontré qu’Akkermansia est plus abondante pendant les périodes de jeûne.
Conclusion
Akkermansia suscite un réel engouement dans le monde du bien-être. Cette souche bactérienne récemment mise à la disposition du grand public montre un fort potentiel pour traiter certains des troubles métaboliques les plus persistants, en particulier chez les femmes, souvent plus touchées par ces maladies et par des troubles comme le SOPK.
Les bienfaits d’A. muciniphila pourraient véritablement changer la vie de nombreuses personnes.
Cependant, la recherche reste encore limitée et les potentielles implications neurologiques doivent être étudiées plus en profondeur. C’est pourquoi toute supplémentation doit être envisagée avec prudence et toujours sous le suivi d’un professionnel de santé.
Sources
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